Nouvelle venue dans la team athlètes Tonton Outdoor, Alice Serena Mfomou, 23 ans, sprinteuse spécialisée sur le 400 m haies, appartient à cette génération d’athlètes qui allient sourire et discipline, ambition et simplicité. Joyeuse, solaire et lumineuse, elle avance avec passion, sans jamais perdre de vue la joie qui l’anime depuis ses premiers pas sur la piste d'athlétisme.
Une enfance façonnée par le sport
Si son nom commence à circuler sur les pistes françaises, son amour du sport, lui, remonte à l’enfance. D'origine Franco-camerounaise, Alice a grandi dans une famille où le sport faisait partie de son quotidien. Son père, footballeur au Cameroun, et sa mère, basketteuse, lui transmettent le goût de l’effort et de la persévérance. Très tôt, son père l’inscrit au taekwondo, pour apprendre à se défendre et à se canaliser. Mais c’est à l’école qu’Alice découvre sa vraie passion : le cross-country. De la primaire jusqu’à la sixième, elle monte régulièrement sur le podium, poussée par son goût du dépassement. Un professeur repère son potentiel et convainc sa mère de l’inscrire à l'athlétisme. Depuis ce jour, la piste ne l'a jamais quittée. "J’aime les disciplines individuelles. Si je fais une erreur, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même. C’est ma manière d’être."
Une étudiante sportive engagée
La passion d’Alice pour le sport ne s’arrête pas à la ligne d’arrivée. Après le bac, elle s’oriente naturellement vers une licence STAPS en Management du sport, où elle découvre les coulisses du milieu sportif. "J’ai toujours voulu rester dans le sport, c’est ce qui me correspond le plus." Elle se passionne alors pour l’événementiel et s’engage dans le bénévolat. "J’adore aider sur des compétitions, participer à l’organisation. Je suis aussi membre d’une association féminine dans le sport, ça m’a permis de rencontrer plein de femmes inspirantes." Après sa licence, elle enchaîne avec un BPJEPS au Sporting Club Universitaire de France. "Je voulais acquérir plus de pratique, me confronter au terrain. Aujourd’hui, j’ai envie d’aller encore plus loin, avec un DEJEPS, pour un jour diriger une structure sportive."
Du sprint au 400 m haies : la révélation
Le virage vers le 400 m haies s’est fait presque par instinct. "Au départ, je voulais être sprinteuse. J’étais fascinée par les Jeux olympiques, le 100 m et Usain Bolt." Mais la réalité du haut niveau s’impose vite : le 100 m est un terrain extrêmement dense. "Je me suis rendue compte que j’avais la vitesse, mais aussi l’endurance. Le 400 m, c’était le bon compromis", explique-t-elle. Elle s’y investit, progresse, puis stagne autour des 56, 57 secondes. Jusqu’à ce qu’elle décide, en 2024, de changer de voie pour découvrir le 400 m haies. Sans préparation spécifique, elle réalise 62 secondes dès sa première course. Le potentiel est évident. Un coach spécialiste des haies au sein de l’Athlétic Club 92 l’accompagne ensuite dans cette transition. Les progrès sont fulgurants. "En moins d’un an, je suis passée à 59 secondes sur les haies, et 55 sur le plat." Elle trouve enfin sa discipline de cœur. "C’est plus technique, plus réfléchi, et surtout moins brutal. Le 400 m haies me correspond parfaitement." Et parmi celles qui l’ont inspirée à franchir ce cap, un nom revient naturellement : Marie-José Pérec. "Petite, je regardais ses vidéos. En minime, quand je cherchais ma spécialité, je voulais faire du 400 m pour lui ressembler ! C'est une femme et une athlète très inspirante."
Une organisation millimétrée
Chez Alice, rien n’est laissé au hasard. Sa semaine d’entraînement est réglée comme du papier à musique : musculation le lundi et jeudi, travail aérobie le mardi, technique le mercredi et vendredi, séance de côtes le samedi. "Mon coach, me prépare un programme précis avec les charges et les sensations à noter. C’est hyper carré." Un système qui lui permet de mesurer ses progrès et d’ajuster les volumes en fonction des compétitions. Côté professionnel, en attendant de commencer son BPJEPS, elle a trouvé le bon équilibre. "Je travaille actuellement comme surveillante dans un collège. Mes horaires sont fixes, donc je peux m’entraîner tous les soirs à 18h30. Et avec les vacances scolaires, j’ai le temps de récupérer." Une organisation millimétrée qui reflète sa maturité et son sérieux.
Au fil des saisons, Alice a appris que le mental compte autant que la forme physique. "Quand j’étais cadette, j’étais très dure avec moi-même. Dès que je ratais une course, je remettais tout en question." Aujourd’hui, elle aborde les contre-performances avec beaucoup plus de recul. "J’ai compris qu’il fallait se poser les bonnes questions plutôt que d'être trop dure avec moi-même." Sur la piste, elle garde son sourire, sa marque de fabrique. "Je suis comme ça dans la vie dans la vie de tous les jours, alors pourquoi changer en compétition ?" (rires).
Même si elle pratique une discipline individuelle, Alice avance entourée. Son club, son coach, ses partenaires et son entourage jouent un rôle essentiel dans son équilibre." Au sein de mon club, nous avons des réunions chaque saison avec la direction et les coachs. C’est une vraie écoute." Le club l’aide aussi financièrement, ce qui lui permet de se concentrer pleinement sur ses objectifs. Dans sa vie personnelle, elle partage son quotidien avec Daniel Bilombi, coureur de 800 m et 1 500 m. "Nous ne pratiquons pas la même discipline, mais nous nous comprenons parfaitement. Nous avons les mêmes ambitions et nous essayons de nous tirer vers le haut mutuellement. Quand l’un n’est pas sur une course, il vient soutenir l’autre."
Une première expérience sur les Championnats de France Élite
En août dernier, à Talence, Alice a pris part à ses premiers Championnats de France Élite. Un rendez-vous particulier, qu’elle a vécu malgré une blessure au tendon d’Achille. "Je savais que je n’étais pas à 100 % de mes capacités, mais je me devais d'y aller. C’était mes premiers avec les Élites, je voulais vivre l’expérience." Sur place, elle découvre une atmosphère tendue et silencieuse. Dans la salle d’échauffement, tout le monde est concentré, personne ne parle. La pression est à son comble." Malgré la douleur, elle termine sa course avec fierté et avec le sentiment du devoir accompli. Ces championnats de France lui ont ouvert les yeux sur la densité du haut niveau et ont renforcé sa détermination à franchir un cap. "Je sais maintenant ce qu’il me reste à faire pour revenir plus forte." Alice sait où elle veut aller. "Cet hiver, je vais me concentrer sur les épreuves combinées, et cet été, viser un podium aux Open de France et une finale Élite. Mon grand objectif, c’est de passer sous les 58 secondes au 400 m haies." Un cap symbolique, mais réaliste au vu de sa progression. « Je me sens bien, j’ai trouvé le bon équilibre entre travail et plaisir. Maintenant, c’est juste une question de constance."
Une vie simple et équilibrée
En dehors de la piste, Alice cultive une vie saine et active. Longtemps fidèle à Nike, elle a trouvé son confort avec la marque Adidas, notamment les pointes d'athlétisme. Elles me maintiennent bien au talon, j’ai tout de suite senti la différence." Elle reste sobre sur le plan technologique. "Je n’ai pas encore de montre connectée, mais j’y pense. Pour le moment, je préfère écouter mon corps." Côté alimentation, elle a appris à lâcher prise. "Avant, je filmais mes repas, je calculais tout. Maintenant, je mange équilibré, je me fais plaisir quand j’en ai envie. Le plus important, c’est d’être bien dans sa tête. Et je ne bois que de l’eau ! L'eau c'est la vie ! (rires)." Lorsqu’elle ne s’entraîne pas, Alice aime bouger autrement. "J’adore partir à l'aventure et essayer de nouvelles activités : pilates, boxe, accrobranche..." Elle reste également très impliquée dans le bénévolat sportif. "J’aime aider sur des événements. C’est une autre façon de se rendre utile, de découvrir de nouvelles personnes."
De la fillette qui remportait les cross scolaires à la jeune femme ambitieuse qui rêve d’une finale aux Élites de France, Alice Serena Mfomou trace sa route avec panache. "Je sais que tout ne se fera pas en un jour, mais j’ai confiance dans le travail." Sa philosophie est simple. Ne jamais lâcher, toujours croire en soi, et garder le sourire. Une devise à son image : humble, sincère et rayonnante.